M.I.A - Nouvel album en préparation

M.I.A. – Incendiaire, festif, mais diablement court


Ces derniers temps, on a beaucoup entendu parler des problèmes de M.I.A. avec les journalistes, du clip provocant de sa chanson Born Free et de ses ennuis liés à ses déplacements aux États-Unis en raison de ses origines. Le spectacle présenté mardi soir au Métropolis aura eu le mérite de nous rappeler que M.I.A. est une sérieuse bête de scène.

Il est vrai que pour la provocation, symbolique ou réelle, la chanteuse née à Londres d’origine tamoule se pose là. Ses trois choristes, véritables statues de sel installées dans le fond gauche de la scène, étaient toutes voilées de la tête aux pieds.

M.I.A arborait elle-même une tenue d’inspiration arabe, avant de laisser tomber la tunique pour révéler une tenue ample qui lui permettait d’y aller de ses grands gestes des bras caractéristiques face à une foule survoltée plus souvent qu’à son tour.

Du moment où Illygirl a amorcé la performance, le mercure est resté élevé dans la salle de la rue Sainte-Catherine. M.I.A. est de ces artistes qui peuvent instantanément incendier une enceinte comme si nous étions déjà au rappel. Il est vrai que ses chansons, qui sont des mixtures d’électro et de dancehall mâtinées d’à peu près tout ce que vous pouvez imaginer, y sont pour beaucoup


Rassembleuse

En fait, chaque fois que je vois M.I.A. sur scène, je me dis qu’elle est faite pour des gens comme moi, pas forcément attirés par ses fusions sonores, mais qui sont incapables de résister à l’énergie que cette fille offre sur scène. Si sa voix perçante est facilement audible, elle n’est pas seule à tenir le fort. Outre ses discrètes choristes, elle est secondée par une chanteuse choriste complémentaire à souhait.

Et M.I.A. connaît tous les trucs. Cela a beau être éculé de faire monter des spectateurs sur scène, ça marche à tous les coups. Et Boyz s’y prêtait à merveille, les fans masculins montés sur scène ayant démontré autant d’énergie que les véritables danseurs de Mathangi Arulpragasam.

Parfois soutenue par un décor approprié ou du visuel en arrière-plan, les chansons de M.I.A. ont une force de frappe décuplée sur scène, même si, ironiquement, il n’y a aucun musicien sur scène hormis une multi-instrumentiste qui extirpe des sons qui vont des claviers de base aux cuivres falsifiés, comme pour World Town ou XR2.

Pour sa part, M.I.A. n’hésite pas à aller prendre la pose sur les moniteurs, mais elle aime également se tremper au parterre. Elle a passé plusieurs minutes à chanter en équilibre devant la fosse, lorsque soutenue par son immense homme de tournée, mais elle a carrément plongé parmi les spectateurs durant Story To Be Told.

Sans surprise, Born Free a été l’une des chansons les plus célébrées. Dépourvue du soutien du clip ultra-violent du cinéaste Romain Gavras, la chanson a été livrée avec les écrans vidéo qui montraient toutes les éclaboussures de sang que vous pouvez imaginer.

Encore plus populaire et plus fédératrice, Paper Planes, au rappel, a offert l’une des grandes images de l’année 2010 sur scène : un Métropolis en liesse avec des spectateurs debout sur les épaules des autres, des bodysurfers et M.I.A. et tout son groupe qui battent la mesure des explosions sonores du succès international en syncho avec la foule et les spots lumineux. Vraiment percutant.

Cela dit, si on préfère les shows courts et intenses aux spectacles moches et interminables, la belle M.I.A. a sûrement frustré quelques fans : 67 minutes sur scène – y compris les cinq dernières minutes avec ses danseurs tout seuls dans une chorégraphie brouillonne et amateur –, c’est nettement insuffisant.

Mais bon. C’est M.I.A. Ça nous prenait bien une petite controverse quelque part.