Glamour : Parlons tout d'abord de votre vie avant tout ça : vous êtes l'une des seuls chanteuses venant des iles ces dernières années.
Rihanna : Je n'aurais jamais pensé avoir une carrière avec tellement de succès. J'ai grandi dans une maison pas très grande en Barbade, et nous ne vivions pas dans le meilleur quartier. Mais je n'ai jamais été consciente du fait que nous étions pauvres, ma mère ne nous a jamais fait ressentir un tel sentiment. Elle m'aimait à la folie. Elle nous a appris que tout était possible, et m'a inculqué une si grande confiance.
Glamour : Est-ce que vous chantiez beaucoup quand vous étiez petite ?
Rihanna : Toujours ! Dans la douche, pour mon oreiller, pour mes peluches et pour mes cousins. Mais je savais que je voulais qu'on puisse écouter ma musique partout dans le monde. C'était mon rêve. Je pouvais faire des démos à chaque fois que j''étais en vacances, mais ma mère disait : "Tu n'arrêteras pas d'aller à l'école tant que tu ne seras pas signé sur un label.". Et même quand j'ai été signée, je devais encore aller à l'école.
Glamour : Vous avez été auditionnée par Jay-Z à Def JAM. Comment cela s'est passé ?
Rihanna : J'étais stressée comme pas possible. La nuit d'avant, je n'avais pas pu dormir. J'étais en train d'essayer des tonnes de vêtements et maquillages différents. Je me rappelle avoir vu Jay-Z et commencé à trembler. Je pensais qu'il aurait un costume, assis derrière un bureau avec un cigare. Mais il était totalement froid, portant des tongs et un T-Shirt. Ensuite, j'ai commencé l'audition. Je savais que c'était tout ou rien. Juste après, des employés de Def JAM m'ont dit : "On vous interdit de quitter le bâtiment !". Ils ont fermé la porte, et les avocats sont restés jusqu'à 2 heures du matin pour vérifier le contrat.
Glamour : C'est totalement la définition d'un succès instantané (en : overnight, jeu de mot avec night qui signifie nuit) !
Rihanna : En quelques semaines, le premier single ("Pon De Replay") a été diffusé à la radio. Après nous avons tourné un clip, et la chanson a tout simplement décollée ! J'étais dans le Top 10 avec de très grands artistes, que j'avais toujours envié. Jay-Z n'arrêtait pas de me dire : "Ça n'arrive jamais, il ne faut pas s'y habituer. J'ai vu à quel point ce moment était spécial.
Glamour : Quel est le conseil le plus important que Jay-Z vous a donné ?
Rihanna : Au début de ma carrière, il m'a dit : "Tu dois être une bonne personne, car de bonnes choses t'arrive, mais tu dois rester humble." Une chose qui m'a toujours intrigué chez lui, est qu'il est un très grand artiste mais qu'il est vraiment terre-à-terre. Je sentais que si il disait cela, c'est que ça doit marcher.
Glamour : Parlons maintenant de ce qui s'est passé cette année, vous avez évidemment vécu des choses difficiles. Comment les gens autour de vous vous ont-ils aidé à surmonter cette épreuve ?
Rihanna : Mes amis et ma famille ont été extrêmement présents, et tout le monde a été là pour moi. Mais pour certains points, vous êtes seuls. Il y a comme un vide en vous - personne ne peut comprendre. C'est à ce moment là que vous vous rapprocher de Dieu.
Glamour : Êtes-vous en train de parler de l'incident avec Chris Brown ?
Rihanna : Je parle de ce qui a commencé la nuit avant les Grammy Awards, et tout ce qui suit. Ce n'est pas la seule chose qui s'est passée cette année. La fuite de la photo... c'est une chose après l'autre.
Glamour : Vous êtes en train de parler de la photo (du visage de Rihanna après que Chris Brown l'ai agressée) qui a apparemment été donnée par les policiers à TMZ. Vous avez porté ce fardeau si bien, vous n'en avez pas parlé dans la presse.
Rihanna : C'était très humiliant, pas le genre de photo que vous montreriez à n'importe qui. Je me sentais complètement exploitée. J'ai senti que des personnes s'en servaient pour créer un sujet drôle sur Internet, alors que c'est ma vie. J'ai été déçue, surtout quand j'ai su que la photo aurait été divulguée par deux femmes.
Glamour : Comment cet évènement vous a changé, en tant que personne, que femme ?
Rihanna : Je suis plus forte, plus sage et plus consciente. On ne réalise pas à quel point certaines de vos décisions influencent d'autres personnes que vous ne connaissez même pas, comme les fans.
Glamour : Pensez-vous avoir reçu votre force morale de votre mère ?
Rihanna : Certainement. Ma mère nous a donné les clés de la survie. Mes parents se sont séparés quand j'avais 8 ou 9 ans. Je l'aidais à élever mon plus jeune frère, parce qu'elle travaillait tout le temps. C'est mon préféré.
Glamour : Pensez-vous que cette expérience a jeté les bases pour faire face à quelque chose d'aussi médiatisé ?
Rihanna : J'ai beaucoup appris. C'était comme si je m'étais endormie en tant que Rihanna, et réveillée en tant que Britney Spears. C'était le vrai chaos médiatique le lendemain. C'était : "Quoi, il y a des hélicoptères autour de ma maison ? Il y a 100 personnes devant ? Qu'est-ce que tu veux dire, je ne peux pas rentrer à la maison ?
Glamour : Si vous vouliez faire passer un message aux millions de jeunes femmes qui vous suivent, qu'est ce que vous diriez à quelqu'un dans la même situation ?
Rihanna : Les violences domestiques sont de très grands secrets. Aucun enfant ne racontera que ses parents se battent. Les adolescentes n'arrivent pas à dire à leurs parents que leurs petit-copains les frappent. Vous ne pouvez pas le dire aux voisins non plus. C'est une des choses que nous (femmes) voulons cacher, car c'est embarrassant. Mon histoire a été diffusée partout dans le monde et les gens ont pu voir chaque étape de ma guérison. L'avantage que l'on peut tiré de ma situation est que les gens peuvent tirés des leçons de ce qui m'est arrivé. Je veux être aussi précise que je le peux pour les jeunes femmes, car j'ai l'impression de représenter une voix qui n'est pas vraiment entendue. Maintenant je peux aider ces femmes en parlant.
Glamour : Je pense que c'est un très beau message. Parlons maintenant de votre nouvel album : à quoi ressemble-t-il ?
Rihanna : J'ai beaucoup été impliquée dans l'écriture de cet album. je dis tout ce que j'ai voulu dire durant ces 8 derniers mois dans ma musique. Les chansons sont vraiment personnelles. C'est Rock'n'Roll, mais aussi vraiment Hip-Hop : Si Lil Wayne ou Kings Of Leon aiment mon album, je me sentirais bien. Je ne changerais rien de tout ça. Même si les gens ne l'aiment pas, j'ai fait exactement l'œuvre que je voulais. C'est extrêmement courageux - et c'est le sentiment que j'éprouve en ce moment. Je suis dans un endroit vraiment bien.
Glamour : Justin Timberlake a dit que ça sonnait un peu plus "grandi". Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
Rihanna : Je suis d'accord. J'ai beaucoup muri depuis mon dernier album. Ça représente exactement là où je suis maintenant.
Glamour : Jay-Z a déjà dit que votre défi en tant qu'artiste allait être de permettre aux gens de s''identifier à vous en tant qu'être humain. Que pensez-vous qu'il voulait dire par là ?
Rihanna : Avant, il y avait une innocence pour moi. C'était une image parfaite. Et j'ai fait quelque chose d'imparfait à la minute : c'est un gros deal. Je pense que c'est ce dont il parlait : les gens oublient qu'après être rentré à l'hôtel le soir, nous prenons une douche, nous regardons la télé, nous mangeons et nous faisons des choses normales. Derrière tout ça, nous sommes toujours des êtres humains.
Glamour : Maintenant, parlons de votre succès dans le monde de la mode. Vous êtes devenue une icône de la mode presque instantanément. Qu'est ce que cela signifie pour vous, en tant qu'interprète, en tant qu'artiste, est-ce une manière de célébrer ce que vous êtes ?
Rihanna : La mode est pour moi une autre façon de m'exprimer créativement. C'est une des choses les plus amusantes que j'ai l'habitude de faire : jouer avec ma garde-robe, et créer des tenues et looks que nous n'avons pas l'habitude de voir. Je suis une artiste, donc j'aime créer des choses. Les chaussures sont ce que je préfère.
Glamour : Ok, donc combien en possédez-vous ?
Rihanna : Bien de trop ! (rires)
Glamour : Votre look a beaucoup évolué depuis le début de votre carrière.
Rihanna : Pendant les deux premières années de ma carrière, je ne pouvais pas faire tout ce que je voulais - j'avais beaucoup de contraintes. Je ne pouvais pas mettre certaines couleurs de rouge-à-lèvres, comme le rose foncé, le rose vif ou le rouge - mes lèvres devaient rester naturelles. Finalement, j'ai arrêté le contact avec certaines personnes de chez Def Jam, et j'ai fait exactement ce que je voulais. Et ça a été de couper mes cheveux, les teindre en noir, changer mes vêtements et changer mes musiques. Vraiment pour m'exprimer moi-même.
Glamour : Parlons maintenant de vos fameux cheveux. Votre coupe est maintenant même appelé "la Rihanna" dans les salons de coiffure !
Rihanna : Ouai, nous les avons coupé pour les photos de couverture de Good Girl Gone Bad, mais ils ont été encore plus courts lorsque je suis allée au NRJ Music Awards (en janvier 2008). Ma coiffeuse m'a simplement dit : "Je n'ai plus envie de te coiffer. J'ai envie de les couper." J'ai dit un truc comme "Enfin !".
Glamour : Passons maintenant à vos travaux caritatifs. Qu'est ce qui, dans votre propre vie, vous a poussé à lancé la Believe Foundation ?
Rihanna : J'ai toujours aimé les enfants. Il y a des petits hommes avec tellement de personnalité, et c'est vraiment marrant de travailler avec eux. Que cela soit par le don de fournitures scolaires ou de médicaments, ou [en utilisant ma célébrité] pour qu'ils obtiennet une greffe de moelle osseuse, je veux aider.
Glamour : Vous avez effectivement aidé une jeune fille et une mère de deux enfants, qui étaient tous deux atteints de leucémie, à trouver de la moelle osseuse compatibles pour des greffes. Comment est-ce arrivé?
Rihanna : Mon manager m'a envoyé une vidéo qu'avait faite une petite fille pour sa meilleure amie. On les voyait jouer, et après Isabelle disait en face de la caméra : "C'est mon amie Jasmina, et voilà comment vous pouvez l'aider : ouvrez votre bouche pour prélever de l'ADN, et mettez le dans une enveloppe.". Elles ont toutes les deux été adoptées et avaient les meilleurs relations, elles étaient inséparables. La vidéo vous faisait tomber amoureux des deux enfants. Je me suis dit, je dois l'aider ! Alors j'ai organisé des tas de manifestations pour sensibiliser l'opinion public. Juste quand nous pensions ne jamais trouvé un donneur, nous en avons trouvé un. L'autre femme, Lisa, est mère de deux enfants qui avait été diagnostiquée comme étant atteinte d'une leucémie et qui allait mourir sans greffe de moelle osseuse. Je savais qu'elle ne pouvait pas laisser ses deux enfants, c'est tout ce que j'avais en tête. Nous avons donc beaucoup prié, et envoyé des communiqués de presse et organisé des évènements afin de faire passer le mot. Sa greffe a réussi. Elle a beaucoup souffert, mais elle était si forte et déterminée.
Glamour : Waw, c'est géniale ! Et vous êtes là, à seulement 21 ans, vous avez déjà tant accompli. Comment vous voyez-vous dans 5 ans ?
Rihanna : Tellement de choses se sont passées ces 5 dernières années, je ne peux pas parler des 5 prochains. Ce que je veux est de continuer à grandir. Parce que je ne suis jamais satisfaite ; je veux toujours plus. Je veux toujours être meilleure. Je veux toujours grimper un autre échelon.
Glamour : Est-ce trop tôt pour vous de penser : je veux être amoureuse, avoir une famille ? Est-ce trop loin sur votre route ?
Rihanna : J'espère que je trouverai l'amour dans les 10 prochaines années - ce qui serait très certainement embêtant si j'avais 31 ans et encore jamais été amoureuse ! Mais oui, j'aimerais être dans une bonne passe que ce soit pour ma vie personnelle et ma carrière. Je veux continuer à faire ce que j'aime. Si ce sera dans 10 ans, je n'en sais rien.
Glamour : Bien, félicitations pour être la femme de l'année !
Rihanna : C'est un honneur. Les femmes qui sont mises à l'honneur sont toutes pour moi de bonnes sources d'inspirations. Je regarde vers elles.