Petit florilège des critiques qui, après lui avoir lécher le boule pendant des mois, la défoncent assez violemment:
Comme toute hype qui se respecte, celle sur laquelle a surfé Lana Del Rey pendant des mois s'est achevée ces derniers jours par un lynchage en règle : depuis la sortie de Born To Die, son premier album (il est vrai décevant, malgré de très belles choses), les médias s'en sont donné à coeur joie pour dégonfler le buzz de la poupée californienne. La cruauté confine parfois au sadisme dans ce massacre généralisé, et il faut bien le dire, un peu disproportionné. Pour rendre compte de cette violente hystérie collective, qu'on espère passagère pour la diva pop, et la désamorcer avec le sourire, nous sommes allés à la pêche au scud anti-delreyien dans les journaux américains, anglais et francophones. Ça fuse.
USA Today
"Est-elle Ute Lemper ? Jessica Rabbit ? Betty Boop ? Même Del Rey ne sait y répondre. (…) Del Rey n’a pas assez développé sa maîtrise d’elle-même et sa maturité vocale pour pouvoir habiter ses inventions."
Los Angeles Times
"Comme personnage fictif, Lana Del Rey n’est pas aussi convaincante que le Ziggy Stardust de David Bowie, l’alter ego 'jouet sexuel pour homme' de Madonna Ciccone, ou même le personnage de Taylor Swift, à savoir 'Taylor Swift'. (…) Une très faible performance de la comédienne-chanteuse Elizabeth Grant."
Rolling Stone
"Sa voix semble pincée et tirée à quatre épingles, et ses 'song doctors' devraient vraiment retourner en école de médecine. (…) Ca ressemble aux ballades folky-trip-hop avec une vibe tragique, façon Beth Orton. Sauf qu’elle au moins savait chanter. (…) Blindé de références à Lolita, même si son horizon littéraire semble plutôt être la chanson "Fallen Angel" du groupe Poison. (…) Etant donné son image chic, c’est une surprise de découvrir à quel point Born To Die est morne et racoleur."
The New York Times
"Mademoiselle Del Rey génère autant de haine précisément parce qu’elle donne si peu. Les gens ne savent pas quoi faire avec cette chose informe dont on leur a vanté l’importance ; la casser est un geste facile, presque humain. (…) La seule option valable est d’enlever le maquillage de ce visage peint, de mettre un peu de désordre dans cette chevelure, et de réessayer dans quelques années. Il y a tant d’autres noms disponibles."
Pitchfork
"Le critique Ellen Willis a dit de Bette Midler : 'l'artifice flagrant peut, dans les bonnes circonstances, être d’une honnêteté poignante, et exprimer la tension entre l’image et l’intériorité que chacun d’entre nous – mais surtout les femmes - éprouvons.' Mais Born To Die ne laisse jamais poindre la moindre tension ou complexité dans sa mixture, la sexualité féminine apparaissant de manière insipide, comme domptée. Malgré tous ses roucoulements sur l’amour et la dévotion, cet album est l’équivalent d’un orgasme simulé – une collection de torch songs sans feu."
The Guardian
"Le problème est que Lana Del Rey n’a pas les compétences littéraires pour développer un personnage sur l’album. Après une énième chanson dans laquelle elle met sa robe rouge ou enlève sa robe rouge, vous informe de sa mort imminente et embrasse fort son amant en lui disant qu’elle l'aimera jusqu'à la fin des temps, vous commencez à avoir très envie d'une chanson dans laquelle Del Rey s’installe avec un type banal, et aille faire un tour dans le Norfolk anglais pour profiter des soldes d’hiver dans un magasin de sofa. La meilleure chose à faire est d’ignorer les paroles."
The Independant
"Chanson après chanson, elle offre des variantes sur le même thème, à travers des rêveries érotiques de soumission à un amant voyou ou papa gâteau avec des voitures rapides et beaucoup de fric. ( …) Born to Die nous offre un conte de fée pour notre époque dégradée. Pas étonnant que David Cameron ait un faible pour elle."
Next-Libération
"La frêle Américaine de 25 ans, charriant toute la fascination figée des années 2000 pour le vintage, s’y retrouve coincée dans son personnage de vamp de télé-réalité : celle qui chante bien, mais avec l’étiquette de la robe qui dépasse. (…) Cette boulimie désincarnée, farcie d’effets risibles (carillons, harpe volée à Mariah Carey, et même un ineffable couplet en français dans "Carmen"), annule les bonnes mélodies ("Radio", "Blue Jeans") et achève de faire de Born To Die un disque épuisant, déjà ringard."
Slate France
"On étouffe sous les effets, sous les intentions : chaque chanson est comme une tarte sur laquelle 13 cuistots seraient repassés pour rajouter celui-ci de la chantilly, celui-là de la meringue, un troisième un nappage en sucre. (…) Cette permanente surcharge pondérale attriste, d’autant plus que l’intention globale ne vient pas sauver l’ensemble : de même que chaque morceau en fait trop pour être sûr de ne pas ennuyer l’auditeur pendant ne serait-ce qu’un centième de seconde, l’album est construit pour ne rater aucun coeur de cible."
Tsugi
"La production, parfois lourde et ampoulée ("Dark Paradise"), a tendance à oublier l’équilibre savant et la légèreté trouvée sur "Video Games". L’apport intelligent du beat maker hip-hop Emile Haynes n’est bizarrement pas toujours une réussite et les beats en question sont parfois curieusement ringards (…) et souvent aussi hip-hop que Christine Boutin. (…) "Radio" sonne comme un slow des Spice Girls, "Without You" comme une ballade Britney Spears pré-nervous breakdown et "Lucky Ones" ressemble à une chanson de fin d’un Disney plein de princesses aux cheveux longs et de petits animaux qui gambadent dans la forêt enneigée."
Le Monde
"La dame et son équipe de production surchargent des refrains aux minauderies de cheerleader. Les sautillants "Diet Mountain Dew", "Radio", "Lolita" ou le très lounge "Million Dollar Man" distraient sans faire rêver, quand la grandiloquence sentimentale de "National Anthem" ou "Carmen" se fourvoie dans un bas de gamme aux allures de trahison."
Le Figaro
"Sympathique morceau, "Video Games" a engendré un monstre. La responsabilité en incombe à une production d'une lourdeur ahurissante. En faisant appel à un poids lourd du R'n'B et du hip-hop, collaborateur régulier de Kid Cudi, Eminem et Lil Wayne, les cadres du label Interscope ont fait une grossière erreur de casting. À peine sorti, Born To Die apparaît déjà d'un ringardisme absolu. On croyait ces nappes de violons et ces beats trip-hop enterrés depuis une quinzaine d'années. Voici qu'ils refont surface de la plus vilaine des manières."
Le Nouvel Obs
Born To Die compte aussi nombre de titres flirtant franchement avec le rap et le R'n'B, comme formatés pour mieux cadrer avec les canons des radios qui plébiscitent Rihanna et Beyoncé. Et la singulière Lana Del Rey devient alors bien fade."
GQ France
Sur Lana Del Rey : "Si son physique provoque des réactions cataclysmiques, ce n'est pas seulement pour débattre du potentiel érotique de la magnétique New-Yorkaise. C'est que c'est un tout. Un magma de chiqué, de la bouche aux ongles de pieds en passant par ce qui nous intéresse finalement le plus : sa musique. Et s'il y a un peu de bien à en dire (…) Lana n'y est pas pour grand chose. Elle se contente de minauder des mots mignons "James Dean, whispering, big kiss, perfume, favorite sweater…" , se faufile dans un kaléidoscope d'images qui met à terre n'importe quel tumblr branché, pour finalement ne rien laisser derrière elle, si ce n'est une mèche de cheveux synthétiques."
Sur Born To Die : "On ne s'attardera pas sur le reste de l'album sinon pour dire qu'il n'atteint jamais les hauteurs des morceaux déjà connus, peut-être plombés par une production sans finesse et des clins d’œil inattendus, mais rétrospectivement prévisibles, aux canons pop de MTV."
Stereogum
"Avec Born To Die, on découvre l’effet que ça aurait fait si, après nous avoir offert "Shadowboxer" et "Criminal", Fiona Apple nous avait livré, non pas Tidal, mais un album complètement bidon. Parce que Born To Die est mauvais. Vraiment mauvais."
The A.V Club
"Superficiel et hystérique, avec des échos réguliers de la réserve typiquement californienne de Ke$ha, l’album tombe plus bas que les idées reçues les plus dures qu'on peut avoir contre la pop music."
Voluume
"Envolées, les raisons pour lesquelles on avait adoré son single estival. Il n’est question, sur Born to Die, que de vulgaires chansons insipides dont l’on peine à se souvenir, de ballades larmoyantes tout droit sorties d’une compilation de chansons d’amour pour ménagères ménopausées."
Mowno
"Tel un monument trop vite bâti, aux finitions préférées aux fondations, Lana Del Rey pourrait ainsi - tout comme ses stratèges - très vite devoir assumer cette vraie nature qu’elle ne parvient pas encore à dissimuler lors de prestations scéniques inconsistantes : celle d’un paquebot à marée basse, d’un produit marketing d’abord plein de promesses, générant finalement plus de déceptions que d’enthousiasme. Dans tout cela, parfait reflet de notre époque, la musique ne paraît être malheureusement qu’un détail. Pourvu que ça cesse."
La blogothèque
"Son léger strabisme dérange, avant que l’on se rende compte que non, ce n’est pas le strabisme. Elle ne fixe pas la caméra, mais l’écran dessous. Elle ne nous regarde pas, elle se regarde. Elle est la synthèse filmée de milliards de photos en angle MySpace, de duck faces excessives, de porno gonzo, elle sublime les nouvelles représentations de soi, en étant trop bien apprêtée pour ce genre de poses, en les collant sur des musiques trop riches, en les confrontant à une rêverie hollywoodienne. En cela elle est effrayante."
C’est entendu
"Avant que vous aussi ne vous laissiez convaincre qu'elle est la nouvelle Kate Bush, Florence and The Machine, Nancy Sinatra ou peu importe (de toute façon, elle ne semble pouvoir être que l'avatar post-quelque chose d'une artiste passée ou présente), avant que ses trois clips (un par chanson, réalisés par Lana, pour Lana, avec Lana et des tonnes de références culturelles à la pelle par-dessus un gros gros morceau d'ego) ne prennent d'assaut vos propres chaînes Youtube, sachez que vous avez affaire à une imposture à peine plus subtile que Lady Gaga, limite moins crédible que Pink et aussi passionnante qu'un maquereau trop cuit."
LaLibre.be
"Certains rêvaient Lana Del Rey en rockeuse iconique, cet album la révèle reinette pop. Pas plus."
LeVif.be
"L’album porte bien son nom. On a déjà envie de l’enterrer au fond du jardin avec sa poignée de chansons faites pour plaire aux branchés, conçues pour passer en radio avec Lily Allen et Beyoncé."
Brain
Lana Del Reyize, un générateur de paroles.